Développer le biocontrôle et les biofertilisants

« Il y a une vraie attente de nos adhérents pour les produits de biocontrôle, note Mathias Sexe, directeur agronomie et développement d'EMC2. Mais s'ils sont prêts à faire des efforts pour le coût ou la mise en oeuvre, ils veulent en revanche des produits efficaces pour se lancer. »

TROIS PRODUITS DE BIOCONTRÔLE VALIDÉS

EMC2 propose des trichogrammes contre la pyrale du maïs depuis dix ans environ. Après une stagnation, cette solution s'est fortement développée en 2013 et 2014 avec une hausse de 20 % pour atteindre 900 ha contre 500 auparavant, grâce à une promotion de la coop et un coût en baisse. Le Sluxx, antilimaces céréales et colza composé de phosphate ferrique, est aussi utilisé depuis quatre-cinq ans. « Notre réseau d'agriculteurs expérimentateurs en grandes parcelles nous a permis de le tester dès sa sortie sur le marché et de voir son efficacité. L'automne dernier, les ventes ont été multipliées par 2,2 comparées à 2013, alors que l'utilisation des antilimaces a diminué. Le Sluxx a représenté 20 % de nos antilimaces. Son prix supérieur aux autres explique que certains adhérents n'ont pas encore franchi le pas. » Après avoir testé Acapela Soft Control, fongicide antisclérotinia du colza associant une bactérie à une strobilurine, avant sa mise en marché, la coop l'a lancé ce printemps. En revanche, Vacciplant et Contans WG, les deux autres produits de biocontrôle actuellement disponibles en grandes cultures, n'ont pas montré d'intérêts technico-économiques en essais et ne sont donc pas proposés aux adhérents.

UNE OFFRE TESTÉE EN BIOFERTILISANTS

Contrairement aux produits de biocontrôle, les biofertilisants n'ont pas toujours besoin d'AMM. « L'offre est beaucoup plus importante et nous avons un gros travail d'expérimentation à réaliser pour ne retenir que ceux qui sont efficaces dans nos conditions d'utilisation et de sol. » EMC2 a à sa gamme des levures stabilisées qui vont servir de support de culture à la microflore du sol, ainsi que des bactéries comme Rhizocell GC qui vont travailler la rhizosphère pour créer un environnement favorable. « Au final, cela permet de réduire la dose d'engrais ou de déplafonner les rendements en gardant la même dose. Mais on connaît encore peu de chose sur leur mode de fonctionnement et il nous reste beaucoup à découvrir : est-ce que l'on ne va pas un jour épuiser la matière organique ? Dans quels types de sols est-ce le plus efficace ? »

LANCEMENTS EN VISITES D'ESSAIS

Le lancement de ces produits « bio » est réalisé lors des visites d'essais comme pour les intrants classiques. Des plaquettes et des posters de promotion du biocontrôle seront présentés. « Les solutions de biocontrôle sont aussi mises en avant dans le cadre des techniques alternatives que les techniciens doivent maintenant proposer aux agriculteurs. Mais en grandes cultures, nous manquons de solutions. On ne pourra pas remplacer du jour au lendemain 50 % des phytos. L'usage des biofertilisants est plus difficile à développer, car leur prix reste élevé. »

Chantal Urvoy